Notre Unité Pastorale

Homélie pour le 2e Dimanche du Temps Ordinaire (église des Martinets)

Chers frères et sœurs dans le Seigneur,

Nous retrouvons Jean-Baptiste qui s’écrie : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! », en voyant Jésus venir à lui. Durant le temps de l’Avent, nous avons médité sur le ministère du précurseur du Seigneur. L’Evangile de Jean nous le montre maintenant comme témoin. Plus loin, il annonce que c’est l’Esprit saint, venu sur la tête de Jésus, qui sert de signe définitif que ce Jésus de Nazareth est bel et bien le Fils de Dieu qui va prendre le relais, si j’ose dire.

J’aimerais revenir sur ces deux comparaisons : l’Agneau de Dieu et la colombe de l’Esprit Saint. L’agneau est un animal doux, innocent et qui se laisse faire sans ré­sister jusque dans la mort. C’est exactement ce que fera Jésus lors de son arres­tation, quand il dit à Pierre de ranger son épée ; quand il se laisse condamner au tribunal par un jugement inique. Et c’est bien parce qu’il accepte la mort sur la croix qu’il ‘enlève le péché du monde’. Le Sauveur va donner sa vie pour libérer les hommes du péché.

Il faut rappeler aussi que pour les Juifs croyants l’agneau fait référence à celui qu’ont mangé, debout, leurs ancêtres au moment de fuir l’Egypte pour être dé­livrés de l’escla­vage du Pharaon. Mais c’était une délivrance nécessaire, mais li­mitée dans le temps ; la première alliance avec Dieu. Quand Jean Baptiste révèle Jésus au monde, il inaugure un temps nouveau, le monde nouveau. Le peuple élu ne sera plus une race à part ou une ethnie bien déterminée. L’appartenance au peuple de Dieu ne passera plus par les liens du sang, mais par les cœurs ou les entrailles, pour utiliser une image biblique. Comme l’indique le passage d’Isaïe, le serviteur de Dieu ne sera pas seulement là pour les tribus d’Israël, mais il sera lumière pour toutes les nations ; pour que le salut parvienne aux extrémités de la terre.

Le symbole de la colombe est tout aussi parlant : il s’agit d’un oiseau blanc et inof­fensif, signe de pureté, de douceur et d’espoir. Lui aussi nous rappelle un évène­ment de l’Ancien Testament. C’est une colombe qui rapporta à Noé dans son ar­che un rameau d’olivier, signe que la punition de Dieu, le déluge, était achevée et qu’une alliance de paix était conclue entre Dieu et les hommes. Lors du baptême de Jésus, la colombe est signe de l’Esprit Saint qui couvre le Christ et fait reconnaî­tre au Baptiste que celui-là est bel et bien le Fils de Dieu. Pour Jean, cela signifie deux choses : d’une part qu’il est confirmé comme témoin de l’action de Dieu et d’autre part que sa mission est pratique­ment terminée.

Pour nous, pour chaque chrétien, ce passage de l’Ecriture est une invitation à re­lire le fil de notre existence et à y découvrir les instants où les évènements por­tant la marque de l’intervention de Dieu dans nos vies. Il y a d’abord le baptême, bien sûr, évènement majeur dans lequel Dieu vient en nous avec son Esprit com­me une semence en germe. Au fur et à mesure de notre croissance, l’Esprit de Dieu peut s’épanouir en nous. Ensuite, notre vie est parsemée de ces moments déterminants, de choix importants qui ne sauraient se passer de la présence de Dieu qui nous donne alors sa force et sa lumière. Des choix qui exigent parfois du courage que nous ne saurions puiser ailleurs qu’en Dieu lui-même.

Enfin, ne sommes-nous pas, nous aussi, des ‘Jean Baptiste’ qui, ayant reconnu Dieu en nous et autour de nous, devons lui donner la première place. Nous avons à nous effacer pour que Lui puisse prendre une place de plus en plus grande en nos cœurs. Il est bon de réfléchir un instant quand et par qui cela nous arrive. En effet, St Jean nous dit par ailleurs que nous ne pouvons aimer Dieu que nous ne voyons pas, si nous n’aimons pas notre prochain que nous voyons.

Ainsi, comme pour Jean Baptiste, Jésus vient à nous à travers notre prochain autant que par les sacrements, parfois même à travers celui que nous attendons le moins… Que l’Esprit saint soit sur nous, qu’il nous inspire et nous éclaire pour nous ouvrir les yeux du cœur. AMEN.