Notre Unité Pastorale

Homélie pour le 27ème dimanche du Temps Ordinaire

Frères et soeurs, 

Nous venons d’entendre les Apôtres demander à Jésus d’augmenter leur foi. Apparemment, ils se rendaient compte qu’ils avaient encore un long chemin à parcourir pour arriver à la cheville de leur maître. Mais avec un esprit un peu critique, nous pouvons nous poser la question du pourquoi de leur demande. En effet, il peut y avoir plusieurs raisons. Est-ce parce qu’ils étaient impressionnés – comme les autres gens - par le miracles accomplis par Jésus ? Voulaient-ils avoir part, eux aussi, à la réputation du Seigneur et se faire appeler maître, comme lui ? La tentation du pouvoir et des honneurs n’est jamais bien loin...

Alors, admirons la pédagogie du Seigneur dans sa réponse. Il ne les rabroue pas, mais fait d’abord un diagnostic. Ils lui ont demandé d’augmenter leur foi. Lui leur répond que leur foi est presque inexistante : « la foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde… », suffirait pour déraciner un arbre et le planter dans la mer et ça marcherait. N’est-ce pas implicitement confirmer qu’effectivement, nos amis Pierre, Jacques et Jean et les autres ne sont qu’au début de leur chemine-ment de foi ?

Puis Jésus leur parle en parabole en citant l’attitude du serviteur face à son maître. Le serviteur est vraiment là pour être toujours à sa disposition. Il n’a pas à tirer orgueil du fait qu’il accomplit simplement son devoir ; c’est tout naturel. Alors, qu’est-ce que cela signifie par rapport à la demande des apôtres ? Il me semble que ceux-ci avaient confondu quantité et qualité. Augmenter la foi ? N’est-ce pas quantitatif ? Jésus, lui, mise sur la qualité : la foi est au service des autres et c’est là que Dieu reconnaîtra les siens. Et je ne peux m’empêcher de songer au geste tellement interpellant du lavement des pieds à la dernière cène. Jésus, lui, le maître, apprend aux disciples que dans la famille de Dieu, le plus grand doit être au service de ses frères et sœurs, des plus petits.

C’est donc bien cela : la foi sert… à servir !

Et nous avons un magnifique exemple de cette qualité de la foi chez St Paul, nous l’avons entendu dans la 2ème lecture. Celui-ci est en prison à Rome. Après toutes ces années de labeur évangélique, se retrouver ainsi dans les chaînes aurait pu le décourager. Il aurait pu se sentir trahi par ce Dieu qu’il a si bien servi après sa conversion. Mais c’est tout le contraire ! N’écrit-il pas à son disciple Timothée : « Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de raison. » De sa prison, Paul continue donc à exhorter et à affermir les communautés qu’il a suscitées.

Reconnaissons cependant que, parfois, les épreuves peuvent mettre en péril notre foi : devant le petit troupeau des fidèles pratiquants, devant le manque d’enthousiasme des uns et des autres pour un service d’Eglise, devant la marche chaotique du monde, nous pourrions nous décourager ! Combien de parents si bien intentionnés qui voient leurs enfants suivre un autre chemin… et qui risquent de se culpabiliser.

Avec le développement matériel que nous connaissons en Occident, avec la possibilité d’avoir tout et tout de suite, nous sommes de moins en moins armés pour résister aux épreuves. La mort est devenue un tabou ; le chômage conduit trop souvent à la dépression. À l’inverse, nous avons d’autres peuples qui, malgré beaucoup d’épreuves, ont une volonté de survie, une envie de s’en sortir malgré tout, qui est extraordinaire. C’est là un exemple de foi et de patience qui nous est donné.

Ainsi, nous nous rendons compte, frères et sœurs, que la foi est, d’une part « un don gratuit de Dieu » (selon St Paul), et que, d’autre part, elle fait partie de nous-même et doit être cultivée comme nos autres facultés.

Ce sont, en priorité, la Parole de Dieu et les sacrements qui la nourrissent ; la prière et la méditation qui la sauvegarde. Et enfin, Dieu nous exhorte à la fidélité de serviteurs et de servantes de la foi sur notre route quotidienne.

Alors, redisons-le encore : oui, vraiment, la foi sert… à servir ! AMEN.