Notre Unité Pastorale

Homélie pour le 32ème Dimanche du Temps Ordinaire

Frères et sœurs dans le Seigneur,

Merci aux Sadducéens, non pas d’avoir tendu un piège à Jésus, mais d’avoir posé en fait la question de la résurrection, c’est-à-dire d’une vie après la mort ! Cela a permis à Jésus de donner – de nous donner – une réponse non seulement intéressante, mais d’importance. Il faut savoir qu’à l’époque de Jésus, tout comme aujourd’hui, la question de la résurrection était fort controversée. Pour une fois, Jésus est d’accord avec les pharisiens. Comme eux, il croit en la résurrection des morts.

Il est intéressant de suivre l’argumentation de part et d’autre : les Sadducéens citent l’exemple cette femme mariée 7 fois, selon l’ordonnance de Moïse, qui consistait à demander aux frères du défunt de lui donner un enfant pour assurer sa descendance. Ils prennent donc Moïse, cette figure emblématique de la loi d’Israël, pour ridiculiser la croyance de la vie après la mort : duquel des 7 maris sera-t-elle l’épouse au moment de la résurrection ? Pour leur répliquer, Jésus va également prendre Moïse à témoin, mais bien en amont, c’est-à-dire lors de l’évènement du Buisson ardent : Dieu révèle son nom : ‘Je suis’ : ce qui signifie que Dieu est éternellement présent ! Et Moïse confirmera qu’il a rencontré : « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob », des personnages morts depuis bien longtemps, mais qui sont présents, car ils vivent en Dieu, ce qui permet à Jésus d’ajouter : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. »

Quant à la question des maris, il est facile à Jésus de rétorquer : la vie nouvelle en Dieu n’a pas de fin. Donc, pas besoin ni de mariage, ni de procréation. Les héritiers de la résurrection seront comme des anges, enfants de Dieu dans la vie éternelle.

Et aujourd’hui, qu’en est-il de la foi en la résurrection ? Les dernières enquêtes démontrent que parmi les quelques milliers de chrétiens interrogés, bon nombre d’entre eux ne croyaient plus en la résurrection et que d’autres ont adhéré à la théorie de la réincarnation venue d’Orient et arrangée à la sauce occidentale, si j’ose dire.

Est-ce une question anodine, marginale… et finalement sans importan­ce ? Il me paraît, au contraire, qu’elle est absolument centrale et fondamentale pour l’orientation de notre vie ! À cet égard, le récit du livre des Martyrs d’Israël vient de nous donner un exemple saisissant. Les quatre jeunes hommes de cette famille israélite en exil sont placés devant un choix crucial : continuer à jouir de cette vie, mais en trahissant leur foi en Dieu ou bien, au contraire, mourir en martyre et jouir de la vie éternelle en Dieu. Leur témoignage est émouvant de sincérité, de courage et de lucidité dans la foi : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu. » Voilà une profession de foi extraordinaire, plus d’un siècle avant la venue du Messie sur la terre ; un témoignage digne de celui de Jean-Baptiste, d’Etienne et des autres martyrs au fil des siècles. Il s’agit donc bel et bien d’une question centrale et concrète…

Mais pour les Occidentaux que nous sommes – majoritaires dans cette assemblée -, avec notre rationalité et notre besoin de preuves tangibles, la résurrection et la vie dans l’au-delà ne sont pas si faciles à croire, comme l’ont démontré les enquêtes évoquées tout à l’heure. De fait, personne n’a vu le Christ en train de ressusciter et personne d’entre les morts n’est revenu nous dire ‘comment se présente le règne de Dieu’. Sur ce point, nous sommes vraiment dans le domaine de la foi, d’une foi pure et exigeante : il s’agit de faire confiance aux témoins des rencontres avec le Christ ressuscité. Il s’agit aussi de croire que le baptême nous permet d’entrer dans la vie de Dieu qui n’a pas de fin. Comme l’a écrit si joliment l’abbé Civelli : chaque être humain est « un morceau d’éternité ». Hélas, trop de gens n’en sont même pas conscients !

Alors, frères et sœurs, avec le secours de l’Esprit Saint, n’ayons pas peur de faire ce saut dans la foi, au-delà de nos interrogations, de nos doutes et de nos peurs. Ecoutons les grands témoins de la foi qui nous parlent d’illumination en Dieu. Pouvons-nous espérer quelque chose de plus beau ?

Amen.