Notre Unité Pastorale

Homélie pour le 33e Dimanche du Temps Ordinaire (église des Martinets)

Frères et sœurs dans le Seigneur,

Vous l’avez sans doute remarqué : le prophète Malachie, comme l’Evangile, nous parle du jour du Seigneur, c’est-à-dire de la venue du Christ dans sa gloire. Puis-que nous arrivons au terme de l’année liturgique, il est normal que les textes nous parlent des temps derniers. Mais le discours que nous venons d’entendre pourrait nous effrayer par ses descriptions d’un chaos total. En effet, il y est question d’une part de cataclysmes, d’évènements terrifiants et, d’autre part, de haine et de persécutions : tout cela à cause du nom de Jésus. Il y a même un mal plus subtil : l’apparition de faux prophètes pour nous égarer.

Si nous regardons la réalité qui nous entoure, c’est bien un peu cela que nous ren-controns. Pensons aux catastrophes naturelles, à la menace terroriste qui s’est internationalisée ; il y a prolifération de sectes de toutes sortes. Malgré les pro-grès de la technique, nous ne sommes pas à l’abri de pannes générales. La mort est toujours bien présente, qui emporte aussi bien des jeunes que des vieux. Et encore, comment se fait-il que ce soit dans nos pays les plus développés que nous rencontrons le plus de suicides ? Devant tous ces faits, nous pourrions être de plus en plus angoissés, avec l’impression de ne plus rien maîtriser…

Il faut savoir que lorsque St Luc écrivit son texte, les chrétiens de l’époque étaient bel et bien persécutés et le retour du Seigneur se faisait attendre avec impatien-ce. Il se devait donc de donner à entendre plusieurs paroles d’encouragement très explicites, à commencer par la dernière phrase de l’Evangile du jour : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. » Cela signifie donc qu’il faut maintenir le cap de la foi et demeurer sur la base solide de l’Evangile. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Je suis frappé par le fait que les stars de télévi-sion, par ex. ne durent qu’un instant, tandis que des gens engagés comme l’Abbé Pierre, Mère Teresa, Sœur Emmanuelle et tant d’autres demeurent bien présents dans l’esprit des gens. Et pourquoi cela ? De fait, ces personnages nous invitent à revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au Christ et à son message. N’oublions pas que ce sont en particulier les actes de partage et de solidarité qui comptent et qui de-meurent au moment du jugement dernier.

Les apôtres admiraient les belles pierres du Temple, mais Jésus leur prédit qu’il n’en restera pas ‘pierre sur pierre’. On pourrait alors se poser la question : vaut-il la peine de restaurer nos églises et édifices religieux ? Je pense qu’il est bien que la maison de Dieu soit belle, mais dans quel but ? Est-ce pour en faire des musées ou des lieux d’expositions ? Ou n’est-ce pas plutôt pour nous inviter à la prière, pour nous aider au recueillement !

Il y a encore une autre parole de l’Evangile à retenir : c’est celle qui dit que la per-sécution sera l’occasion de « rendre témoignage ». Quand et comment rendre ce témoignage ? Ici, en Suisse, nous ne sommes pas en butte aux persécutions, c’est pourquoi nous pouvons penser que nous n’avons pas l’occasion de rendre témoi-gnage ! Et pourtant : il suffit parfois d’une bonne parole d’encouragement, d’un conseil donné, d’un geste de partage. N’ayons pas peur non plus d’affirmer notre foi, non pas par prosélytisme, mais par notre façon de vivre le commandement de l’amour. Il y des endroits – vous le savez – où cela peut aller jusqu’à devoir donner sa vie. Mais Jésus nous dit aussi que dans les circonstances difficiles, il nous don-nera lui-même « les paroles de sagesse nécessaires » pour se tirer d’affaires. « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ! » Je puis dire que je l’ai expérimenté moi-même plusieurs fois.

Ainsi, aujourd’hui, nous sommes appelés, non pas tellement à admirer les belles pierres – c’est-à-dire nous laisser séduire par ce qui existe matériellement – mais bien veiller à ce que nos noms soient inscrits dans le Royaume des cieux. C’est le moment de nous rappeler la parole des « cieux nouveaux et de la terre nouvelle » annoncés par le prophète. C’est donc toute la création qui gémit dans un nouvel enfantement comme le dit St Paul dans sa lettre aux Romains. Ainsi, pour ce fa-meux jour du Seigneur, c’est toute la création qui doit être transformée. Aujour-d’hui, c’est nous qui sommes les pierres vivantes du Temple du Seigneur : par l’ex-pression de notre foi, par la fidélité à nos devoirs d’état, par notre attitude de par-tage et de solidarité avec les plus démunis.

Que notre eucharistie de ce jour soit un jalon de plus qui nous rapproche à la fois de Dieu et de nos frères et sœurs. Amen.