Notre Unité Pastorale

Homélie pour le 2ème Dimanche de l'Avent (A)

Chers frères et sœurs dans le Seigneur,

Nous voici déjà parvenus à la 2ème étape de l’Avent, ce temps de préparation à la ve­nue du Messie. L’Evangile du jour nous présente le person­nage de Jean-Bap­tiste en pleine mission. Le moindre que l’on puisse dire, c’est que quand il parle aux gens, il n’utilise pas la langue de bois. Son message est percutant, ce qui ne l’em­pê­che pas d’attirer les foules. D’entrée de jeu, il appelle à la conversion : c’est le fil conducteur de son message. L’évangéliste Matthieu, qui s’adresse surtout aux juifs, ne manque pas de men­tion­ner nommément les pharisiens et les saddu­céens et c’est envers eux que Jean-Baptiste a les termes les plus durs : ‘engeances de vipères’ ! Et pourtant ceux-ci étaient les gens les plus religieux d’Israël et fai­saient de gros efforts pour ne pas tomber dans le péché. Alors, que leur reproche le Bap­tiste ? La réponse se trouve, semble-t-il, dans le passage qui cite Abra­ham : « Avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. » Ainsi croy­aient-ils qu’il suffisait d’être enfants de sang d’Abraham pour être automa­ti­que­ment enfants de Dieu. Ils se faisaient bel et bien une fausse idée de la volonté du Père céleste. Il leur est donc demandé une con­version bien plus profonde que de se détourner du mal.  Il s’agissait vraiment d’accepter le Messie tel que Dieu lui-même le présente. Il fallait – et cela vaut encore pour aujourd’hui – vraiment se tourner vers le Dieu de Jésus Christ et cette démarche est à renouveler sans ces­se : d’où le cycle annuel de la liturgie.

Le deuxième message de Jean-Baptiste est celui du jugement opéré par Dieu : c’est l’image de la cognée au pied de l’arbre qui est sans équivoque. Comme sou­vent dans l’Ancient Testament, il est question de la ‘colère’ de Dieu. Et pourtant, il ne faut pas oublier cette parole donnée par le prophète Osée : « Je ne don­ne­rai pas cours à l’ardeur de ma colère, car je suis Dieu et non pas homme, au milieu de toi je suis le Saint, et je ne viendrai pas avec colère. » Jésus parlera aussi du jugement, mais va donner une autre image de son Père qui est avant tout un Dieu d’Amour et de miséricorde, même s’il est vrai que nous serons jugés selon les fruits produits. Paul ira encore plus loin en disant que le juste se moque du jugement, car l’accent est mis définitivement sur l’amour. Rappelons-nous aussi les prédictions des derniers diman­ches de l’année liturgique écoulée : au milieu des cataclysmes de tous genres, Jésus ose dire que ‘pas un cheveu de la tête des justes ne tombera’.

Enfin, le 3ème message du Précurseur est bien sûr l’annonce du Messie à travers le geste symbolique du baptême. Celui conféré par Jean était un baptême de con­version avec le signe de l’eau qui purifie. Il annonce que celui qui doit venir don­nera, lui, un baptême dans l’Esprit et dans le feu ; ce qui signifie qu’il sera une nouvelle naissance comme Jésus l’a déclaré à Nicodème. Et celui que le Baptiste de­mande de suivre désormais sera aussi juge, présenté par une autre ima­ge : la pelle à vanner. Cette image m’était coutumière en Haïti. Dès qu’il y a un peu de vent, les gens mettent le riz sur de grands plateaux qu’ils secouent allègre­ment. Alors la paille s’envole, sans consistance ! Le riz ainsi purifié se vend bien plus cher que le riz avec la paille. Il faut reconnaître que dans l’histoire de l’Eglise, à certai­nes époques, cette image a été mal comprise ce qui a fait du christianisme une religion de peur de l’en­fer. Et nous avons maintenant le retour de manivelle, si j’ose dire, où les gens ont perdu la notion de péché… Nous avons donc besoin d’un nouveau Jean-Baptiste pour nous inviter à la conversion !

Ainsi, le temps de l’Avent comporte deux aspects, me semble-t-il : celui de l’atten­te et celui de la préparation. Celui de l’attente : nous pouvons reprendre la pro­phé­tie d’Isaïe qui est toujours d’actualité. En effet, les armes du roi-messie sont la justice et la paix. Sous son règne, plus de sacrifice san­glant ; les animaux sauvages brouteront comme la vache et le mouton. Ce n’est pas simplement une vision i­dyl­lique ou nostalgique du paradis perdu : nous sommes invités à une attente ac­ti­ve où nous contribuons nous-mêmes à plus de justice et de paix dans notre monde.

Et pour ce qui est de la préparation, Jean-Baptiste nous est présenté comme no­tre modèle à suivre : nous aussi avons à préparer le chemin du Seigneur, dans notre propre cœur d’abord, mais aussi dans tous ceux et celles qui nous sont con­fiés. Nous avons à renforcer notre espérance et à abaisser notre orgueil.

Alors, nous pourrons – comme nous dit la 2ème lec­ture : « d’un même cœur, d’une même voix » rendre gloire à Dieu qui entre dans notre humanité. AMEN.