Notre Unité Pastorale

Homélie de Noël

Frères et sœurs dans le Christ,

Nous voici à nouveau entrés dans la joie de Noël, qui est une fête aux multiples facettes : lumière, cadeaux, retrouvailles en famille, etc… Mais pour nous qui sommes réunis dans cette chapelle, cette fête a un sens bien plus profond. Pour bien la comprendre, je me suis laissé interpeller par le passage de l’épître aux Hébreux lu tout à l’heure. En effet, il résume bien l’histoire du salut voulue et dirigée par Dieu. Dans le passé, il s’était fait connaître à travers les ancêtres du peuple hébreu et surtout par les prophètes… mais cela n’a pas suffi ; alors – je cite – « en ces temps qui sont les derniers », il a envoyé son propre Fils « qui porte l’univers par sa Parole puissante. » Quel contraste avec cet enfant fragile de la crèche ! Et pourtant, il s’agit de ce même Dieu qui vient nous sauver.

Mais pour y parvenir, que de tribulations le Fils de Dieu n’a-t-il pas endurées : la naissance dans le dénuement, la fuite en Egypte, le retour à Nazareth dans l’ano­ny­mat. Et durant sa vie publique, il ‘n’avait pas où reposer sa tête’, comme il l’a dit lui-même, et enfin, la terrible épreuve de la passion…

N’est-ce pas pour cette raison que St Jean, dans le prologue de son Evangile que nous venons d’entendre, affirme : « Le Verbe, la vraie Lumière, est venu parmi les siens, mais les siens ne l’ont pas reçu. » Oui, la Parole de Dieu elle-même s’est fai­te chair parmi nous ; elle a épousé la condition humaine, hormis le péché. Mais le monde en tant que tel n’a pas reconnu son Sauveur. Cependant, il y a quand mê­me une lueur d’espoir dans la suite de son message : « Mais tous ceux qui l’ont reçu sont appelés fils de Dieu. » Oui, il y avait quand même un petit reste de croy­antes et de croyants en Israël sur lesquels Dieu a pu compter. Dorénavant, nous rappelle l’épitre aux Hébreux : « Dieu nous parle par ce Fils qu’il a établi héritier de toutes choses. » Reconnaissons donc que Noël est et reste un mystère qui se dévoile lentement, un évènement singulier, sans pareil. Dieu se donne entière­ment à nous jusqu’au bout, de la façon la plus humble qui soit ; au risque, juste­ment, de ne pas être reconnu ! Et c’est bien ce qui arrive encore aujourd’hui : à peine un quart de l’humanité se réclame de lui. Et dans certains endroits du mon­de, tant de chrétiens sont persécutés ! Nous voici donc à nouveau comme à Beth­léem, livrés à la vindicte du roi Hérode furieux d’avoir été trompé et tremblant pour son pouvoir. Aujourd’hui encore, les potentats assas­sinent leur propre peu­ple afin de se maintenir au pouvoir... 

Alors, ce mystère de Noël n’est-il pas trop exigeant pour notre foi ? Encore une fois, cet enfant fragile et sans défense peut-il vraiment être le Sauveur ? C’est là qu’intervient le témoignage de Jean le Baptiste : il faut que, lui, diminue, car il n’est pas la lumière, mais le témoin de cette lumière : Jésus passe devant lui, car c’est lui le premier dans l’ordre du salut : il sera notre guide et notre rédempteur. 

Sachons aussi reconnaître du positif dans ce qui se vit aujourd’hui : tous les ef­forts de paix et de réconciliation qui sont tentés. Prions pour que les trêves de Noël puissent aboutir à une paix vraiment durable ; pour que cette paix qu’ap­por­te l’en­fant-Dieu de Noël puisse se répandre partout sur la terre. Ce qui est une utopie pour nous est réalisable, car pour Dieu, rien n’est impossible. Mais ne de­vons-nous pas, nous aussi, devenir acteurs, artisans de justice et de paix autour de nous !?

Comme tout enfant, l’enfant de la crèche nous fait regarder vers l’avenir. La lettre aux Hébreux nous dit que ces temps sont les derniers. Voici 2000 ans que ce mes­sa­ge se répète... Nous pourrions donc nous en lasser ! Mais n’oublions pas que pour Dieu, mille ans, c’est un jour. Encore une fois, ce monde ancien qui semble occuper le devant de la scène fait place, dans la foi, au monde nouveau de justice et de paix voulu par Dieu.

De fait, chaque nouveau-né bouleverse les habitudes de la famille dans laquelle il vient au monde. N’en est-il pas ainsi pour la famille de Dieu qu’est l’Eglise ? Celle-ci doit se laisser transformer, voire même ‘chahutée’ par le message de Noël. Le pape François l’a bien compris, lui qui nous invite fortement à être une présence aimante auprès de ceux et celles qui ont perdu un être cher ou qui vivent dans la solitude et/ou le besoin. Ainsi Noël devient aussi un message de vie, dans le par­ta­ge et la solidarité.

Dieu a fait le premier pas ; il a pour ainsi dire rempli son contrat d’Amour envers nous. À nous chaque maintenant, de nous laisser pénétrer de cet esprit de Noël : c’est-à-dire d’être remplis de la lu­miè­re de Dieu, de devenir humbles et réceptifs comme cet enfant, pour vivre dans la paix et dans la joie.  AMEN.