Notre Unité Pastorale

Homélie pour le 1er Dimanche de carême

Frères et sœurs dans le Seigneur,

Il est beaucoup question de tentations dans la Parole de Dieu que nous venons d’en­tendre. Tentation de manger des fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal pour Adam et Eve. Tentations de mettre le Fils de Dieu lui-même à l’épreuve chez Jésus dans le désert.

La tactique du Malin est toujours la même : créer l’illusion de devenir l’égal de Dieu. Dans le récit de la Genèse, il dit bien : « … vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ! » Autre ruse : faire croire que Dieu veut dominer tel un despote, avec ce mensonge à la clé : défense de manger des fruits de tous les arbres. Ainsi, Eve, puis Adam, se laissent tenter… alors, leurs yeux s’ouvrirent en effet, mais pas sur ce qu’avait fait miroiter Satan, à savoir la connaissance divine ; bien au contraire, ils se découvrent entièrement nus. Quel piètre résultat ! Cela leur a surtout fait reconnaître leurs limites de créatures.

D’une certaine manière, c’est un peu l’expérience de toute personne qui réflé­chit : cette tentation fondamentale ne donne-t-elle pas l’impression que nous sommes sous la coupe d’un Dieu jaloux de son autorité suprême et de chercher en quelque sorte de nous passer de lui ? De tous temps, nous voyons les résultats catastrophiques qui en déroulent : la jalousie, l’orgueil et la haine qui engendrent conflits, assassinats, terrorisme, etc.

Suivons maintenant Jésus au désert : le Tentateur s’y prend à trois fois. Il choisit, bien sûr, le moment où Jésus est le plus vulnérable : après 40 jours de jeûne, Jésus a faim… Alors : « si tu es le Fils de Dieu, fais que ces pierres deviennent du pain. ». Mais l’heure de la multiplication des pains n’a pas encore sonné : ce mira­cle sera d’ailleurs un service pour les autres et non pas pour lui-même. Jésus n’en­tre pas en matière… et réplique lui aussi par une Parole des Ecritures : « L’homme ne se nourrit pas que de pain, mais de la parole qui sort de la bouche de Dieu ». Autrement dit, les valeurs spirituelles sont plus importantes que les matérielles.

Deuxième tentation : encore une fois, c’est mettre Dieu à l’épreuve, puisque le psaume 91 dit que : « Les anges protègent son serviteur et qu’il ne lui arrivera aucun mal » – même en se jetant du haut du Temple. Jésus réplique en citant le livre du Deutéronome : « Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » - Réfléchissons à notre tour : est-ce que nous ne demandons pas parfois à Dieu d’agir à notre place ou de le prier pour des futilités…

Troisième tentation : celle du pouvoir et de l’avoir : Satan se prétend maître du monde et invite Jésus à se prosterner devant lui. Alors Jésus se fâche : « Arrière Satan ! », puis il cite de fait le 1er commandement du décalogue : « Dieu seul tu adoreras. » Matthieu s’empresse d’ajouter qu’alors les anges vinrent pour servir Jésus, victorieux de l’épreuve et ainsi véritablement reconnu comme le Fils de Dieu.

Fils de Dieu : Nous aussi, depuis notre baptême, sommes enfants de Dieu. Nous sommes donc soumis, si j’ose dire, au même régime que le Christ Seigneur. Nous sommes aussi sujets aux tentations. Ce n’est pas pour rien que la prière enseignée par le Seigneur proclame : « Ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal. » De fait, la nouvelle version montre bien que ce n’est pas Dieu, mais le Malin qui nous induit en erreur. En réalité, nous demandons à Dieu de ne pas nous abandonner, mais d’être à nos côtés dans l’épreuve.

Or, ce temps du Carême est là pour nous inviter à plus d’efforts pour notre res­sour­cement. Je me permets de rappeler la méthode proposée par Jésus dans l’Evangile du mercredi des Cendres : 3 actions fondamentales qui sont comme l’antidote des 3 tentations : 1) faire l’aumône, c’est-à-dire partager ; 2) la prière – entrer en dialogue avec Dieu et enfin 3) jeûner, pour une meilleure maîtrise de soi. Ce sont des balises pour notre propre temps de désert qui nous mène au face à face avec Dieu.

Alors, frères et sœurs, que ce temps de Carême vous soit vraiment profitable, dans l’amour et la miséricorde de Dieu.

Amen.