Notre Unité Pastorale

Homélie pour le 2e Dimanche de carême

Frères et sœurs dans le Seigneur,

Dimanche dernier, nous avons rencontré le Christ à l’épreuve dans le désert. Aujourd’hui, c’est sur une montagne qu’il a convoqué les trois disciples préférés : Pierre, Jacques et Jean. Ce qui s’y passe est complètement délirant pour eux. Jésus est entouré d’une lumière sans pareil et voici que les deux personnages principaux de l’Ancien Testament font leur apparition et s’entretiennent avec Jésus : il s’agit de Moïse et du prophète Élie. Moïse représente la loi (les dix commandements) et Élie le porte-parole de Dieu. Pierre est tellement subjugué qu’il délire à son tour et propose de construire trois tentes… mais entretemps, ils sont enveloppés d’un nuage et la voix du Père se fait entendre comme lors du baptême du Seigneur, affirmant pour la deuxième fois que Jésus est son Fils, donc le Fils de Dieu.  

Il est bien clair que cette vision a dû marquer à vie les trois apôtres. Mais Jésus leur interdit d’en parler tout de suite. Par ailleurs, les trois apôtres n’ont, sur le mo­ment, pas encore pu comprendre ce que signifiait la mort et de la résur­rec­tion de Jésus. Ils auraient bien aimé rester figés dans cette vision de la transfigura­tion, d’où l’idée des trois tentes ; mais cela aurait signifié que la mission de Jésus se serait arrêtée à mi-chemin, en queue de poisson.

À notre tour de faire nôtre cette vision, cette révélation, et de nous demander ce qu’elle signifie pour nous. Nous aussi sommes témoins du Christ ressuscité. Nous aussi avons la Loi et les prophètes, dont le témoignage a été pleinement accom­pli par Jésus dans les Evangiles. Nous n’avons certes pas gravi une haute mon­tagne, mais nous avons quitté un peu les turbulences de la vie pour passer ce moment d’intimité avec Dieu dans ce lieu de prière. Essayons donc de com­pren­dre le message de cette vision : Jésus est vrai­ment le chemin, la vérité et vie. C’est par lui seul que nous pou­vons rejoindre le Père. Peut-être souhai­te­rions-nous, comme Pierre, demeurer ici et ne plus retourner dans la vie trépi­dante que nous menons. Mais ce serait un leurre ! C’est justement pour affron­ter la vie et ses vicissitudes que nous venons nous ressourcer ici.

Laissons-nous aussi inspirer par l’exemple d’Abraham dans la 1ère lecture. La Bible nous le présente vivant à l’aise, maté­riel­le­ment en tout cas, à Ur en Chal­dée, dans la luxuriante plaine de Mé­sopotamie. Et voilà qu’il entend, et surtout écoute la voix de Dieu qui lui demande de quitter son pays, sa famille – et proba­blement une bonne partie de ses biens – pour aller ‘dans le pays que je te mon­tre­rai’. Donc rien à voir avec les réfugiés, les émigrés d’aujourd’hui. Il s’agit là d’une promesse, mais rien de concret. Cependant, il fait confiance en Dieu et part vers l’inconnu. N’est-ce pas une merveil­leux exemple de foi qui sera tou­jours à nouveau cité chez les juifs du temps de Jésus et ensuite par les apôtres et jusqu’à nos jours.

Nous de même, frères et sœurs, ne sommes-nous pas de temps à au­tres appelés à faire des choix vers passablement d’inconnu ? Ceux et celles parmi vous qui avez choisi la voie du mariage, saviez-vous, au moment du consentement, tout ce que cela impliquerait ?! Et les en­fants à venir, avec chacun leur caractère et leur cheminement, le saviez-vous d’avan­ce ? Pour ma part, lorsque j’ai fait le choix de la mission au loin : si j’avais su toutes les joies, mais aussi les peines et les difficultés qui m’attendaient en mission, aurais-je osé faire le pas ? Là aussi, nous pou­vons affirmer que c’est la confiance en Dieu qui nous a permis d’assu­mer ces choix.

Encore une fois, le carême, avec les cendres et les sacrifices, peut nous paraître plutôt lugubre et voilà tout à coup cette grande lumière qui va nous rappeler que tout ne s’ar­rête pas avec la passion et la mort. Après la résurrection du Christ, les 3 disciples privilégiés vont se souvenir de cette vision ; ce qui va renforcer leur foi chancelante. 

Pour nous aussi, c’est le signe que Dieu se fait proche de nous et de nos besoins, de nos préoccupations… parfois un peu trop terre à terre. Ainsi, la vie du chré­tien est rythmée par la contemplation, la prière et la mission du partage dans le monde. Trop de chrétiens, hélas, négli­gent cet aspect de contemplation et de res­sourcement et ainsi, ils s’es­soufflent et perdent pied. Quel dommage !

Frères et sœurs, que la transfiguration du Seigneur demeure pour nous une lu­mière sur notre route vers le Royaume de Dieu.

Amen.